[Budget VVA] Réduire ou ne pas réduire l’imprévisibilité

[Intervention de François Skvor – Conseil communautaire du 24 mars 2016]

Monsieur le président, mes cher(e)s collègues,

Je relèverai trois points qui me semblent déterminants sur cet exercice budgétaire.

1- Premier point, c’est l’imprévisibilité du contexte dans lequel nous le votons.

Jamais sans doute, les collectivités locales n’ont été plongées dans un tel niveau d’imprévisibilité.

C’est un point que vous n’avez pas traité dans votre prospective – que d’autres affectionnent particulièrement, notamment pour remplir les pages de leur ROB -, mais le contexte économique et financier global est très volatil. C’est un facteur majeur d’imprévisibilité, voire d’instabilité.

A cela s’ajoute la particularité du système français qui nous donne 2017 comme horizon d’ajustements nouveaux, notamment pour ce qui est des dotations d’État.

Sans parler, bien évidemment, des réformes territoriales en cours, et notamment de la fusion prochaine de VVA et de la Montagne bourbonnaise.

Dans un tel contexte, la prospective que l’on peut tenter, est conduite à tâtons, si ce n’est à l’aveugle.

2- Et c’est mon deuxième point, c’est l’imprévisibilité que vous ajoutez au contexte par une prospective et des hypothèses certes difficiles, mais pour le moins audacieuses.

La perspective générale que vous vous fixez semble fondée sur une réduction des recettes et des dépenses de fonctionnement jusqu’en 2017, puis sur une relative stabilisation de l’ensemble par la suite. C’est une hypothèse ; ça n’est pas forcément la plus probable.

L’année passée, vous aviez eu recours à une prospective de la peur ou de la catastrophe, aux vertus prétendument édifiantes quant aux économies à réaliser. Ce qui en dit long sur l’objectivité de l’exercice dont on adapte les hypothèses aux intentions.

Bilan des courses : vous divisez par deux l’objectif d’économies annuel envisagé l’année passée, de 1,2 à 0,6 millions d’euros par an jusqu’à la fin du mandat,

  • en maintenant le programme d’investissements sur la période,
  • en fixant un objectif de croissance des recettes fiscales un peu supérieur 1,4 à 1,7 %
  • et en pariant sur un hypothétique effet lié au Coefficient d’Intégration Fiscale de 350 000 euros.

Le CIF et la stabilisation des recettes sont des hypothèses déjà fragiles. Mais l’ensemble ne tient, avec une épargne préservée et un endettement maîtrisé, qu’en allant puiser dans le Fonds de Roulement qui sert d’amortisseur.

Donnant ainsi raison à mon voisin, Christophe Pommeray, qui vous suggérait de faire de même à Vichy il y a quelques années, mais alors en période de vaches un peu moins maigres qu’aujourd’hui.

Notre Fonds de Roulement passe en gros d’un ratio de 50 à 20 jours de dépenses réelles couvertes à l’année. C’est un choix qui vous permet d’avancer, mais c’est aussi une assurance en moins en période instable.

3- Troisième point, c’est la méthode que vous retenez dans ce contexte d’imprévisibilité : celle d’afficher un certain volontarisme dans l’investissement.

12,5 millions cette année et près de 60 millions sur le mandat. Soit un petit peu moins que le mandat précédent (64 millions) sur le Budget principal. Dans le contexte que je viens de décrire, c’est un effort notable.

Je ne soupçonnais d’ailleurs pas ce keynesien qui dormait en vous, M. le Président.

Mais cette relance ne sera que de peu d’effets à terme si elle n’est pas accompagnée de choix drastiques quant à nos investissements : nous devons absolument privilégier ceux de nos investissements qui nous permettent

– de réduire notre dépendance extérieure à un système économique instable

– de renforcer notre système économique local, de le rendre plus résistant aux crises.

C’est en fait une politique de développement économique de territoire radicalement neuve dont on voit – je l’ai déjà souligné – fleurir çà et là des initiatives prometteuses (l’approche en termes de clusters, les Biosites, le projet de méthanisation…)

mais que l’on discerne encore très mal dans le projet d’agglomération que nous avons adopté et a fortiori encore moins dans ce budget 2016.

Constant dans mes positions et dans mes votes, je m’abstiendrai donc sur ce budget 2016.

Je vous remercie.

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