Contrôler les projets d’AREVA

[Intervention de François Skvor – CM 3 octobre 2014]

Monsieur le Maire,

Vous ne vous attendiez sans doute pas à ce que j’intervienne dans cette délibération.

Il est vrai que c’est un sujet, vous vous en doutez mes chers collègues, pour lequel je n’éprouve pas le moindre intérêt.

Je suis toutefois sensible au fait que vous tentiez de vous montrer aussi agréable à mon égard, même si je suspecte votre intention de ne pas être tout à fait celle-ci.

Je suis également très sensible à deux choses

  • au fait que d’une certaine façon, la Ville de Vichy se positionne face aux agissements d’une partie de l’industrie du nucléaire. Car au final, c’est aux territoires et aux collectivités de payer et de supporter les coûts non provisionnés des risques et des déchets qu’elle engendre.

  • Deuxième chose à laquelle je suis sensible, le fait que la Ville achète du foncier et de la terre qui pourrait être agricole. Nous pourrions un jour prochain en acquérir pour de tout autres utilisations. Mais gardons cela pour plus tard.

Je tiens tout de même à souligner que si la démarche est méritoire – et nous voterons cette délibération – elle ne peut se suffire à elle-même. Les terrains acquis sont précisément les terrains qu’AREVA voudrait décaisser pour recouvrir les 1,3 millions de tonnes de déchets enfouis actuellement sous une lame d’eau (afin d’éviter les émanations de radon, un gaz radioactif).

La question est la suivante : s’agit-il de faire barrage ou bien levier face à AREVA ?

Dans le cas où il s’agirait de faire barrage, cela signifie conserver le site en l’état. Or la situation actuelle n’est pas satisfaisante. Il faudrait la stabiliser, ne serait-ce que d’un point de vue hydrologique.

Maintenir la situation actuelle, c’est aussi prendre le risque non négligeable que la concession octroyée de manière illimitée à AREVA (ex-COGEMA) prenne brusquement fin en 2018 (comme il en sera de toutes les anciennes concessions minières illimitées) : dans ce cas, le blocage exercé n’aurait abouti qu’à nous laisser le bébé sur les bras, et qui plus est, avec l’eau du bain radioactif, si je peux me permettre.

Pour notre part, nous pensons qu’il serait sans doute plus avisé, non pas de faire barrage, mais de faire levier sur l’entreprise AREVA via ces terrains, en l’invitant à se mettre autour de la table et à discuter d’une solution, certes difficile, mais incontournable. Et ce serait notamment un vœu que pourrait, à l’occasion, voter notre assemblée – le jour où nous aurons adopté notre règlement intérieur.

Je vous remercie.

Laisser un commentaire